Qu'est-ce que tu veux faire plus tard, ou presque.
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° Quand j'étais petite, quand je serais grande, je voulais écrire des livres. Et puis être illustratrice pour dessiner les couvertures.
Avant j'ai voulu être infirmière et maîtresse d'école, mais ça c'était juste ma période de conditionnement "altruisme".
J'ai 20 ans un peu + de 2 mois et je ne sais toujours pas ce que je veux faire + tard.
C'est vertigineux, de se dire que presque tout reste possible. Enfin non. Mais il reste tellement de "portes".
Dans un an j'aurai choisi mon master.
Et je n'ai plus aucune idée de ce que je choisirai.
Pendant près d'un an, et de façon certaine pendant 6 mois, j'ai su ce que je voulais faire. J'ai su ce que j'allais faire des 10 prochaines années de ma vie. J'ai su que j'avais trouvé exactement ce qu'il me fallait.
Aujourd'hui, je ne sais plus.
J'ai vraiment pensé que l'engagement humanitaire me correspondait. Coordonner une équipe, faire preuve de diplomatie, obtenir les autorisations, veiller à la sécurité du groupe, s'adapter à d'autres conceptions du monde, se sentir utile, apporter ce que l'Etat est incapable de mettre en place, être à l'écoute des attentes de chacun.
Sauf que.
Je n'ai pas la force.
Je n'ai jamais vu quelqu'un qui s'est fait tirer dessus.
Je n'ai jamais vécu dans un environnement dangereux.
Je n'ai jamais vu un mort.
Plus j'y pense, et plus j'ai l'impression de m'être aveuglée, pour donner un sens à l'année à venir, pour avoir un but qui rendait + supportable l'angoisse.
Je n'ai pas la force de partir des mois loin de tout. Je n'ai jamais eu la force. J'ai le courage, peut-être. Mais ça ne fait pas tout.
Je ne veux pas passer ma vie à partir.
Je ne veux pas m'empêcher de vivre pour me punir d'avoir trop de chance.
Vivre, c'est être avec ceux que j'aime, pas sauver des vies à l'autre bout du monde.
J'aimerais pouvoir dire que je vais passer ma vie à sauver des gens.
Je ne veux pas me contenter d'un petit bonheur égoïste, enfermée dans une bulle aseptisée.
Mais il faut trouver un compromis.
Je n'ai pas la force de multiplier les au revoir. De courir toujours d'un avion à l'autre. D'apprendre à supporter le retour parmi l'insouciance.
Je ne veux pas avoir cette force. Si je l'avais, je me haïrais encore davantage. Cette force signifierait un détachement, une acceptation, un contrôle, une dureté dans le regard que je ne veux surtout pas connaître.
Alors quoi ?
Alors je ne suis pas faite pour porter des sacs de riz au Burkina Faso.
Alors je vais passer 8 mois loin de vous.
Je travaillerai dans des bureaux, pour une grande organisation humanitaire.
Il n'y a que comme ça que je saurai si être au siège peut satisfaire mon envie d'engagement. Ou s'il faut tout recommencer, trouver une nouvelle voie.
Tout compte fait, l'école de journalisme me fait encore rêver. Mais on ne peut pas dire que je m'y sois préparée, académiquement parlant. Donc c'est mal barré.
L'école de communication me laisse dubitative, au-delà des cours qui semblent intéressants.
Affaires européennes, pas question.
Affaires internationales quand on n'a plus envie de partir à l'étranger, c'est un peu paradoxal.
Affaires publiques, très peu pour moi.
Le droit, pourquoi pas, ça m'a plu jusque-là, mais 4h de cours par semaine pendant un semestre, ce n'est pas la même chose qu'un master entier.
Reste... Finance et strat. Ahahah ! Ou presque. °
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