The Sound of Silence, ou presque.
° A la fin de mon rêve cette nuit, ... non, ce n'était pas un rêve.
C'est difficile de se souvenir des rêves, de savoir même s'il était vraiment bon ou mauvais.
Difficile comme de raconter un film qu'on n'a vu qu'en périphérie de l'oeil, alors qu'on fixait obstinément le bord de l'écran. Comme si le sens était trop insoutenable pour qu'on parvienne à le regarder en face.
A la fin de mon rêve cette nuit, il était écrit
"Mi-septembre, mi-[...], mi-novembre...". (C'était une lettre. Mais le mot manquant n'était pas "octobre". Je l'ai oublié)
Le moment était arrivé.
On venait la chercher dans la cellule.
Qui ?
Elle était noire. Et ça faisait tellement longtemps qu'elle attendait, comme une presque délivrance.
Et soudain, elle ne voulait plus.
Est-ce nécessaire ? Attendez. Attendez, je ne sais plus.
Est-ce que tout cela vaut la peine ?
Mais le moment arrivé, il est finalement déjà trop tard.
"C'est très douloureux, mais il le faut, parce que tu dois leur servir d'exemple. La souffrance devrait te tuer rapidement, ne t'en fais pas. Il faut le faire, parce qu'ensuite on leur montrera ton corps sanglé aux dents arrachées, ta bouche qui aura craché tout ton sang, comme ça ils sauront qu'il ne faut pas aller aussi loin que toi. Eux, on ne leur fera rien, ce sera fini. Si tu veux qu'on les épargne, il faut que tu sois l'exemple."
Le ton était presque désolé.
Elle savait tout ça.
C'est si beau de mourir pour ses idées.
Mais elle ne veut plus mourir.
On l'emmène.
Elle pense à la pince qui enserrera ses dents.
Et elle hurle, en silence, une dernière fois, elle hurle, elle hurle, elle hurle, elle hurle...
Ce ne sont pas les mensonges qui font mal, c'est la vérité.
Le mensonge qui consiste à croire qu'on nous a dit la vérité n'est pas douloureux.
Le fait que tout le monde ment, à commencer par soi, à soi, volontairement ou non, est insoutenable.
[Ce paragraphe n'a rien à voir avec le reste, il fallait juste lui trouver une place, le sortir du silence.]
Hello darkness my old friend
I've come to talk with you again
Because a vision softly creeping
Left its seeds while I was sleeping
And the vision that was planted in my brain
Still remains
Within the sound of silence
In restless dreams I walked alone
Narrow streets of cobblestone
'Neath the halo of a street lamp
I turned my collar to the cold and damp
When my eyes were stabbed by the flash of a neon light
That split the night
And touched the sound of silence
And in the naked light I saw
Ten thousand people maybe more
People talking without speaking
People hearing without listening
People writing songs that voices never share
And no one dare
Disturb the sound of silence
"Fools" said I "You do not know
Silence like a cancer grow
Hear my words that I might teach you
Take my arms that I might reach you"
But my words like silent raindrops fell
And echoed
In the wells of silence
To the neon god they made
And the sign flashed out its warning
In the words that it was forming
And the sign said "The words of the prophets are written on subway walls
And tenement halls"
And whisper'd in the sounds of silence
[The Sound of Silence, Simon & Garfunkel]
Je raconte beaucoup ma vie. Trop ?
Finalement, qu'est-ce que j'en dis ? De quoi faudrait-il se cacher ?
Et même si.
De quoi croit-on se protéger avec un silence ?
Poser les mots apprivoise les pensées.
C'est en exprimant qu'on apaise.
Qu'a-t-on à perdre quand on dit ce qu'on pense ?
Rencontrer découvrir partager questionner argumenter surprendre dire (se) contredire rire tomber d'accord, et + encore.
Rien à voir avec la pudeur.
On peut parler de soi pendant des heures sans laisser prise au voyeurisme.
On peut s'offrir entièrement à un autre sans un son.
Mes silences sont réservés à ceux que j'aime.
Il n'y a qu'ainsi qu'ils sont éloquents. Ou presque. °
[...]