Ohlala n°1 (Welcome to the United States)

Publié le par Lisa Dawn

Cette fois, ça y est. Me voilà aux Etats-Unis. A New-York. Such a strange feeling.

J’écris dans ma nouvelle chambre, il est 8h et je tourne en rond depuis 2h déjà. Bonjour le décalage horaire. En France il est 14h.

Donc ça fait 24h que je suis partie. Déjà ?! On dirait bien que oui.

A 14h, hier, j’ai passé la sécurité, j’ai fait sonner « aléatoirement » le portique à métal, j’ai donc été fouillée puis j’ai récupéré mes affaires et j’ai reçu un dernier appel dans la salle d’embarquement. Après avoir raccroché, je me suis demandé encore une fois ce que j’allais foutre aussi loin, puis les hôtesses vertes nous ont fait entrer dans l’avion. Hôtesses vertes parce que je voyageais par Aer Lingus, compagnie irlandaise dont certains avions sont verts avec un trèfle. Très chou.

Le très dommage, mon avion était tout blanc. Par contre, je me suis retrouvée à côté de la fenêtre, toute seule sur ma rangée. Ce qui ne m’a pas vraiment permis de prendre de belles photos vu qu’il y avait plein de nuages, mais la satisfaction d’être aussi bien placée sans avoir eu à la demander était grande.

Première chose qu’il faudra que j’inscrive dans mon rapport d’étonnement (dans le cadre du rapport de stage), c’est que l’avion commence par rouler en marche arrièreavant de décoller. Déjà qu’en voiture, la marche arrière, c’est une manœuvre souvent facteur de complications (et de rencontre de lampadaire), en avion ça me semble carrément une mauvaise idée. D’ailleurs je sais pas ce qu’on a écrasé mais il y a eu un soubresaut fort suspect à un moment.

Deuxième point du rapport d’étonnement : les petites fleurs blanches qui bordent les pistes se trouvent toutes au bord de la piste et se prennent plein de vent dans la gueule, ça les agite dans tous les sens et ça doit probablement les faire souffrir. Par contre, au-delà de 2 mètres autour de la piste, rien que de l’herbe, pas de fleur. Il existerait donc un syndrome masochiste chez la petite fleur blanche de piste d’aéroport.

Troisième point : Aer Lingus récupère les hôtesses de l’air à la retraite des autres compagnies. Pas une seule n’avait moins de 30 ans, il y en avait même une d’au moins 60. Aucune n’était vraiment jolie et les stewards, en + d’être vieux et pas beaux, avaient les yeux très rapprochés et refusaient de sourire. Voilà qui casse un mythe.

Une fois à l’aéroport de Dublin, point d’arrivée dans un tuyau géant qui mène directement à l’intérieur, il a fallu descendre un escalier pour faire environ 150m sur le tarmac avant d’entrer dans l’aéroport. Sur ce point, je suis partagée. D’un côté, il faisait froid, gris et il menaçait de pleuvoir (bravo l’Irlande, après on dit que c’est moi qui ai des préjugés, on est quand même le 24 août bordel) et il était tout à fait désagréable de devoir affronter les intempéries (j’exagère si je veux) en fuyant l’air ultra-conditionné de l’appareil. D’un autre côté, le coup de la descente d’avion par un petit escalier en fer, ça fait très « arrivée du Président des Etats-Unis » ou « retour des otages tant aimés pour lesquels non non on n’a pas payé de rançon », ce qui donne tout de suite du cachet à la situation.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que l’accent irlandais est plutôt dégueu (ce dont j’étais déjà persuadée depuis Barry Lyndon) et que je comprenais pas grand-chose de ce qu’on m’expliquait. Résultat, j’ai fait ce qu’on m’avait dit de pas faire, c’est-à-dire qu’au lieu de récupérer une carte d’embarquement à un guichet tout proche, je suis sortie de l’aéroport pour y re-rentrer et refaire la queue pour déposer mes bagages – que je n’avais pas puisqu’ils étaient transférés tout seuls d’un avion à l’autre (avec l'aide de bonhommes verts, admettons).

Peu importe, j’ai atteint la salle d’embarquement (après avoir de nouveau déclenché la fouille dite "aléatoire" au passage de sécurité...) et j’ai emprunté un nouveau tuyau pour entrer dans un nouvel avion. Au passage, j’ai encore été contrôlée "aléatoirement" et on a fouillé mon bagage à main et j'ai dû écrire mon nom sur une feuille. Je sais pas quelle tête je pouvais faire hier, mais je devais avoir l’air dangereuse.

L’avion n’était toujours pas vert mais il était grand, avec un écran au dos de chaque siège (pour le voisin de derrière, soyons logique. Un écran derrière votre propre siège, vous ne pouvez rien en faire). Il y avait un gamin (français évidemment) absolument insupportable, qui passait son temps à piailler dès que son écran ne lui obéissait pas et qui donnait force coups de pieds au siège en face de lui (pour une fois chanceuse, j’étais derrière lui). Il a plusieurs fois tenté d’arracher la télécommande du bras du siège et engueulait sa mère quand elle n’arrivait pas à régler assez vite le son du film (Shrek IV, qu'il a régulièrement fait planter en appuyant sur n'importe quel bouton puis relancé. Il s'est endormi avant d'avoir pu le voir une seule fois en entier). En retour, elle lui caressait la tête tendrement.

Dans l’avion, j’ai aussi retrouvé quelqu’un qui avait embarqué en même temps que moi à Paris, c’était marrant de se retrouver l’un derrière l’autre dans cet immense avion alors on a discuté un peu et j’ai réalisé que ça faisait drôlement du bien de parler français. Comme le monde est petit, c’était quelqu’un de Scpo Lyon qui partait en 3A à Philadelphie.

Le reste du voyage s’est bien passé même si je n’ai pas vraiment réussi à dormir, notamment parce qu'on atteignait péniblement les 15°C en cabine. Non content d'avoir un pays froid, l'Irlandais s'amuse à recréer son environnement quand on cherche à lui échapper. La recherche d’un stylo a été laborieuse pour remplir le formulaire de douane ("transportez-vous des insectes ?" - true story) et le I-94 (donnez-nous votre adresse aux USA, votre numéro de téléphone, celui de votre passeport et recommencez une deuxième fois dans le cadre en-dessous). Une fois à JFK, il a fallu faire la queue pour donner les formulaires, présenter son passeport, son visa, montrer ses empreintes, son iris, expliquer ce qu’on venait faire ici, obtenir 3 ou 4 tampons et entendre « welcome to the United States ».

Pendant ce temps, ma valise avait eu largement le temps d’arriver sur le tapis roulant, elle n’avait donc pas été perdue à l’escale contrairement à toute attente. Avec le Français de Lyon, on a cherché un distributeur d’argent (ici appelé ATM) puis on s’est souhaité bonne chance dans la vie (j’ai quand même noté son adresse mail, me disant que tout compte fait j’allais peut-être pas être mécontente de connaître des Français dans cette contrée hostile) et alors que je me dirigeais vers les taxis jaunes, j’ai été attrapée par un recruteur de voyageur paumé qui m’a promis qu’il allait me conduire à un yellow taxi et qui m’a confiée à un chauffeur de taxi illégal.

Moi je m’en foutais d’être dans une voiture jaune ou pas, je voulais juste arriver en vie à destination pour pouvoir rentrer en France un jour et le gars a rempli son contrat. Il m’a même gentiment fait la conversation, c’est-à-dire qu’il m’a demandé ce que je venais faire aux Etats-Unis, puis il a décidé que « studying social sciences » incluait l’économie, il s’est lancé dans une grande leçon d’économie à légère tendance antisémite (« you know this family, you like them in France, the Rotschild »). Le gouvernement capitaliste contrôle tout. Un instant je me suis demandé si c'était un taxi piégé avec des micros, pour repérer les communistes à leur arrivée sur le territoire. Si tu dis que tu es d'accord avec ce que te dit le chauffeur, des sirènes se mettent à hurler dans la voiture de derrière, on te passe les menottes "vous avez le droit à un avocat, vous avez le droit de vous taire" et Aufwiedersehen America.

Mais il n'en fut rien, le chauffeur a poursuivi sa réflexion monologuesque pour en arriver à une conclusion fort judicieuse : tout ceux qui ont de l’argent font des réunions pour prendre des décisions mais le public ne sait pas ce qui est décidé. C’est le système bancaire américain. Mais tout ça touche à sa fin à cause des vibrations de la planète, parce qu’on arrive à la fin d’un cycle. Quel cycle ? La rotation de la milkyway autour du trou noir central (j’avais envie de rigoler parce que je me suis pas souvenue toute de suite que milkyway c’est la voie lactée, alors ça m’évoquait juste les trucs au chocolat que je mangeais quand j’étais petite). Comme on a bientôt fait un tour complet de trou noir, il y a des forces électromagnétiques qui influent sur les planètes et de grands changements font survenir, comme les Mayas l’avaient prédit (2012 bonjour). Les Mayas ont construit des choses folles, on dit que c’est un mystère, qu’on ne sait pas comment ils ont pu construire tout ça. Mais en fait c’est très simple. C’est… et là ami lecteur tu vas m’en vouloir mais j’ai arrêté d’écouter au moment le + marrant de l’histoire et je n’ai pas osé lui demander de répéter qui était venu de l’espace pour construire les temples mayas et les pyramides d’Egypte, mais en tout cas c’était très facile pour eux, ce qui fait qu'il n’y a aucun mystère, en fait. Bref, beaucoup de gens vont mourir, mais après on pourra atteindre quelque chose du plus « high ». Prudemment, j’ai acquiescé tout le long du chemin et je lui ai laissé 16$ de pourboire, ce qui fait qu’il m’a porté ma valise jusqu’à la porte d’entrée et qu’il m’a serré la main en partant.

Puis est venu le grand moment de la découverte de l’appartement. La proprio était sortie donc c’est sa fille qui m’a accueillie (pieds nus avec un t-shirt et une culotte) et m’a fait visiter rapidement les lieux en expliquant bien que sa mère devenait folle si on laissait la salle de bains sale. L’immeuble n’est pas génial mais l’appart est très propre et la chambre fait une jolie taille, elle correspond tout à fait aux photos, j’ai une grande commode et une grande penderie. Par contre le lit ne fait pas 160cm de large comme indiqué dans l’annonce donc mes draps sont trop grands et il n’y a pas de télé, mais de toute façon je n’y tenais pas.

Finalement, la propriétaire de l’appart est rentrée et m’a saluée… en français. Elle est Algérienne, vit aux Etats-Unis depuis 14 ans et parle en français parfait, donc on a discuté une bonne heure avant que j’aille m’écrouler dans mon nouveau lit (très confortable). Sa fille de 13 ans en paraît au moins 15, elle a l’air très sympa, et l’autre coloc n’est jamais là, elle rentre vers 3h du matin (quand elle rentre), on ne la voit jamais.

L'enjeu du jour, c'est désormais d'obtenir la clé réseau de l'appart pour publier tout ça...

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